NEFZAOUA DE L’ANTIQUITÉ A LA FIN DU MOYEN-AGE
Histoire du sud (Nefzaoua) la Tunisie
NEFZAOUA DE L’ANTIQUITÉ A LA FIN DU MOYEN-AGE
Le nom de Nefzaoua est évoqué pour la première fois sous le règne de l’empereur romain Tibère (37-41ap.J.C). Elle est citée sous le nom Nybgenorum Civitas. En ce qui concerne l’origine ethnique de ses habitants, il existe deux thèses différentes: la première c’est celle d’Ettigeni, historien et voyageur tunisien du 13ème siècle, qui leur avance une origine plutôt arabe, car il considère que le nom de Nefzaoua descend du peuple issu de Nefzao ben Bar ben Kaïs Ailan ben Modhar ben Nizar. Cette thèse plutôt alléchante reste à prouver. Par contre, Ibn KHALDOUN évoque une origine berbère : les nefzaouéens descendent d’un ancêtre berbère du nom de Zehik ibn Maghdis El-Abtar. D’autres interprétations ont même essayé d’évoquer un lien entre Nefzaoua et l’Égypte des Pharaons car il y a une vieille oasis dans l’extrémité Nord de la région qui s’appelle jusqu’à maintenant « Henchir Pharaon ». Charles André Julien essaie de prouver cette thèse en insistant sur l’existence d’un petit royaume Lybico-Egyptien dans le nord du pays du Maghreb; il s’appuie sur un fait historique, certes vrai, mais vague, car après l’invasion de l’Égypte par les Hexos vers l’an 1732 av. J.C, bon nombre de tribus a fui, une de ces tribus se dirigea vers l’Ouest et fonda l’actuelle Nafta dans le pays de Castilia (Le Djérid actuel).
Ces thèses controversées et loin d’être admises, faute de preuves, ne peuvent donc nous éclairer sur les origines des nefzaouéens, mais on peut remonter par ces origines plus loin que toutes les civilisations méditerranéennes étant donné une découverte archéologique de grande importance, celle de l’Homme de BRIMBA; ce sont des restes humains vieux de 2 millions d’années, en plus nous pouvons nous appuyer sur les découvertes faites au même emplacement c’est-à-dire à Aïn Brimba, au nord de l’actuelle Kébili, par les deux chercheurs Aremburg et Cook et qui montrent bien des outils utilisés par l’homme du Paléolithique.
Pendant la période romaine Nefzaoua resta longtemps hors de portée, mais au cours de la révolte de Tacfarinas située entre 14 et 27 ap JC, les romains se trouvèrent obligés de s’y introduire par mesure de sécurité. Ainsi Nefzaoua devint dès lors, un des points forts du Limes Tripolitanus. En ce moment, l’actuelle Tellemine fut la capitale de la région, elle s’appelait Turris-Tamellani ou Tamellan. Elle a été élevée au rang de Municipe en l’an 128 ap J.C sous le règne d’Hadrien, et cela montre l’importance de cette ville aux points de vue humain et urbain d’une part en plus de l’existence d’une aristocratie (peut-être locale) romanisée. Mais l’influence romaine ne put être que minime car la plupart des habitants de Nefzaoua n’ont pas accepté le Christianisme, considéré probablement comme religion d’État et on ne connaît à Nefzaoua qu’une seule église, celle de Turris Tamellani.
Et à propos du Christianisme, il apparut vers la fin du 2ème siècle, parmi les premiers évêques que connut Nefzaoua, Sabratius (en 384 ) puis Habetdeus Tamellumensis (en 484 ), de même pour le Romanisme, car les dialectes berbères restèrent hégémoniques. Ainsi l’usage du latin ne dépassa guère un cercle colonial ou administratif réduit représenté par une minorité aristocrate à majorité romaine. On peut aussi expliquer cette influence romaine mineure par l’isolement géographique de Nefzaoua coupée des autres régions de l’Afrique par deux chotts (El-Jérid et El-Fedjaj ) au Nord-Ouest et à l’Est, par la chaîne de Tebaga au Sud-Est et par le Grand Sahara au Sud et au Sud Ouest.
Cette situation peut en quelque sorte expliquer la soumission tardive de Nefzaoua au pouvoir romain de l’Afrique Proconsulaire. Même quand vinrent les Vandales en 429 ap JC, et établirent leur royaume qui allait durer jusqu’à l’année 533, Nefzaoua n’avait pas, tout au long de cette période, reconnu cet État, peut-être parce que le roi vandale Genséric l’avait laissée en paix car il était plutôt attiré par la côte orientale rêvant de conquérir Rome! Ainsi il n’attacha aucune importance à une région si isolée et si pauvre.
D’ailleurs, pour beaucoup, historiens et géographes, Nefzaoua n’est en fait, qu’un large parcours où les gens se déplaçaient souvent avec leurs troupeaux en quête de pâturage. Mais l’histoire, reposant sur des indices biens précis, affirme que Nefzaoua a bel et bien était parsemée de petits villages où les habitants se sont progressivement sédentarisés grâce à une petite économie qui tire profit des oasis de palmiers, arbres très féconds et à usages multiples. Ce qui confirme cette thèse c’est l’existence de points d’eau autour desquels s’organisait ce mode de vie certes simple mais efficace. Ces points d’eau connus sous le nom de nappes (ou Aïn ) étaient assez riches et permettaient ainsi d’irriguer un périmètre agricole allant à quelques hectares. Peu avant la colonisation française, on dénombrait pas moins de 300 nappes de ce genre grâce auxquelles fleurissaient beaucoup de villages cités par des historiens et des géographes de bonne renommée dont Ettijeni, Ibn KHALDOUN,… Parmi les villages les plus connus au moyen-âge, on peut citer Bechri, Torra, Eddergine, Jercine, Fatnassa, Nagga, Chitane, Tizeh ou Tinzeh, Yesik, Klikel, Béni Youssef…. Cinq de ces villages n’existent plus maintenant ou peut-être qu’ils existent encore mais sous d’autres noms, comme par exemple Yesik qu’on présume que c’est l’actuelle Rabta étant donné que l’oasis de Rabta s’appelle jusqu’à maintenant Yesik, mais cette thèse reste toujours à prouver.
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